L'adresse au Divin. Une philosophie empirique de la prière

Mon projet de thèse s’emploie au façonnement d’une phénoménologie interconfessionnelle et interreligieuse de la prière, réalisée à partir d’études de terrain et d’entretiens qualitatifs. Ce projet de recherche implique de savoir comment décrire ce qu’est « la » prière, à quel type d’expérience elle correspond et si cette expérience est structurée d’une certaine manière, tout en prenant compte de la diversité des manières de faire, notamment en raison de la multiplicité des traditions religieuses et confessionnelles depuis lesquelles elle peut être pratiquée. Il s’agit donc d’une réflexion à mener sur la manière de lier théoriquement le général au concret, le singulier à l’universel. Cette réflexion est actuellement menée dans certaines universités, notamment américaines, dans la continuité des post-colonial studies. L’Université de Columbia, bénéficiant du cosmopolitisme de la ville de New York, est l’un des principaux carrefours de ces études. On s’y interroge depuis une dizaine d’années sur les conditions d’un discours renouvelé sur l’humain « en général ». Mon hypothèse est qu’une méthode de recherche qui hériterait autant de la phénoménologie que de l’anthropologie sociale pourrait se donner pour objectif de dégager des « invariants » dans l’expérience subjective, à partir de la comparaison entre plusieurs études rapprochées de cas. L’un des principaux enjeux de ma thèse serait ainsi d’articuler la phénoménologie de la religion, qui vise la description d’une expérience universelle de conscience, et l’anthropologie, plus largement caractérisée par une tradition culturaliste. L’objectif de ce voyage de recherche de six mois à l’Université de Columbia, dans l’Institute of African Studies, est donc de s’informer sur les manières de thématiser l’étude du commun sans sacrifier les accomplissements des études post-coloniales, et de tester l’hypothèse d’une pertinence de l’anthropologie phénoménologique dans l’étude des pratiques religieuses. Ces questionnements, décisifs dans l’élaboration de la dimension méthodologique de ma thèse sur la prière, permettraient aussi de produire des réflexions qui porteraient plus généralement sur les possibilités d’articuler plusieurs disciplines, qu’on ne rapproche encore que timidement dans la francophonie.